Si j’ai envie de te proposer le témoignage de Déborah, c’est parce que c’est un exemple qui démontre qu’on peut avancer dans les études, sans pour autant avoir une idée précise de là où on va. Pour te montrer qu’on peut finalement trouver sa voie vers la fin de ses études, juste avant son diplôme. Comme ça a été le cas pour Déborah. Son parcours, c’est aussi le choix d’allier études et vie professionnelle. Afin de tenir durant les années d’études, découvrir autre chose, rester motivée.
Finalement, le témoignage de Débo c’est celui de celle qui avait un objectif bien précis en tête, et la manière dont elle s’est frayée son chemin pour l’atteindre. Et ce, grâce à quelques étapes: un stage, une fonction intermédiaire, une formation postgrade. Je te présente Déborah et son parcours.
Un 1er choix: celui d’un cursus en cours d’emploi
Après le collège (l’équivalent = gymnase/lycée), Déborah n’est clairement pas motivée à se lancer à corps perdu dans les études. Elle opte donc pour un compromis: celui de la Haute école de gestion (HEG) en cours d’emploi. Travailler en parallèle, c’est ce dont elle a envie. Et non seulement elle en a envie, mais elle en ressent le besoin. Elle ne se le cache pas, c’est le moyen pour elle de rester motivée pour les années à venir.
Déborah fait donc 1 an de stage requis – une bonne coupure! – avant de se lancer pour quatre années d’études en cours d’emploi. Suite à son stage, elle reste auprès du même employeur et travaille à l’Etat, au service des naturalisation et de l’état civil, dans un poste admin à hauteur de 50%.
Et vient la fin du Bachelor: la découverte des RH
Comme beaucoup, Déborah ne sait pas exactement où elle va, ce qu’elle souhaite réellement faire. Son cursus, il est justement plutôt général: de l’économie, du management. Un moyen pour elle de retarder encore un peu ce choix.
Et c’est en dernière année d’étude qu’elle se découvre, au détour de l’un de ses cours, un fort intérêt pour les ressources humaines (RH): « J’allais à tous les cours, donc pour dire que c’était vraiment super intéressant ».
Se lancer dans la recherche d’emploi
Déborah choisit donc de cibler sa recherche d’emploi presque exclusivement dans le secteur des RH. Et elle fait surtout le choix de débuter sa recherche d’emploi rapidement – vers le moi de février, pour l’été qui suit. C’est d’ailleurs l’un de ses conseils:
#1- Commencer à chercher un travail assez rapidement. Ne pas sous-estimer le temps nécessaire et retarder tes démarches.
Les tips de Débo
Parce qu’au mieux, tu te trouves face à un employeur qui est flexible sur la date d’entrée et une recherche qui aboutit ainsi rapidement. Au pire, tes postulations ne donnent rien pendant quelques mois, mais font office d’exercice: préparer un dossier, rédiger des lettres de motivation, recevoir des réponses négatives, participer à des entretiens. Avant de se lancer dans les postulations, Déborah souligne l’importance de prendre le temps de la réflexion.
#2 – Avoir une idée de là où tu veux aller. Réfléchir à ce qui t’attire, t’informer. Consulter les sites d’emploi, te demander quel type d’entreprise t’intéresse. Faire cette réflexion en amont – avant d’être rattrapé.e par l’urgence des postulations.
Les tips de Débo
Décrocher un poste
Sachant qu’il s’agit de sa dernière ligne droite avant son diplôme et que son contrat à durée déterminée se termine durant l’été, Déborah a une deadline en tête. Grâce à ce stress positif, elle débute sa recherche d’emploi rapidement, avec un critère principal: travailler dans les RH. Pour ce qui est du reste – lieu, type d’employeur, secteur, etc. – elle reste flexible et ouverte aux opportunités. Elle postule dans un premier temps pour des postes, qui demandent toutefois un brevet RH et de l’expérience. Puis, elle réoriente sa recherche et postule pour un stage post-Bachelor dans les RH: bingo, ça fonctionne.
Déborah trouve ce stage au bout de 25-30 postulations – un nombre qui n’est pas si élevé, en comparaison à la recherche d’autres jeunes diplômé.e.s, elle en est consciente.
Un stage pour lancer sa carrière RH
Déborah décroche donc un stage d’un an au sein des ressources humaines de l’hôpital fribourgeois, qu’elle débute suite à l’obtention de son diplôme. Son attrait pour les RH est rapidement confirmé: elle commence alors un certificat RH peu de temps après le début de son stage, en parallèle.
Ce stage lui permet également, outre le développement de nouvelles compétences, de découvrir le milieu RH et les différents métiers qui le composent au travers du travail de ses collèges. Elle affine ainsi son objectif professionnel: elle souhaite devenir Responsable RH.
#3 – Faire un stage. Tu es qualifié.e pour le stage car tu n’as pas forcément besoin d’expérience, et ça t’ouvre des portes. Beaucoup d’entreprises en proposent.
Les tips de Débo
Enchaîner suite à son stage
Son objectif est donc fixé: devenir Responsable RH. Elle est toutefois consciente que pour l’atteindre, quelques étapes intermédiaires sont nécessaires. Lorsque son stage touche à la fin, sa recherche d’emploi est donc claire, ciblée. Et c’est seulement au bout de deux postulations qu’elle décroche un entretien – qui aboutit à un engagement. Le poste est celui d’Assistante RH auprès de la Confédération, plus précisément au Secrétariat d’Etat à la Migration (SEM). Un emploi qui fusionne son expérience administrative liée à la naturalisation, ainsi que ses compétences RH.
Petite parenthèse: elle avait déjà eu un entretien avec ce même employeur, le SEM, avant son stage RH. Il s’agissait toutefois d’un poste dans les naturalisations, et non dans le secteur RH. Ça n’avait pas abouti. Mais comme quoi: une porte qui se ferme signifie qu’elle peut tout de même se rouvrir pour une autre opportunité dans le futur.
Être sur-qualifiée
Revenons-en à son poste d’Assistante RH, pour lequel elle est engagée. Avec son diplôme de Bachelor, elle est sur-qualifiée. Mais la stratégie de Déborah est d’acquérir de l’expérience, afin de pouvoir accéder à la formation de Brevet RH. Qui lui permettra, par la suite, d’atteindre le poste souhaité. Tu vois le schéma? Elle sait que pour passer d’un stage à son poste de rêve, ça ne se fera pas en un claquement de doigt. Elle sait aussi qu’il s’agit-là d’un compromis, en vue d’évoluer plus tard.
Déborah se positionne toutefois dès le début en ce sens. Au travers de sa lettre de motivation, ainsi que lors de son premier entretien: « Je me suis dit, je le dis parce que c’est finalement ce que je veux ». Son employeur l’engage donc en ayant connaissance de ses attentes. Une stratégie qui lui évite a priori d’être engagée pour un poste pour lequel elle est sur-qualifiée, qui ne lui proposerait en échange aucune possibilité d’évolution, aucune perspective.
#4 – Communiquer ouvertement sur tes objectifs d’évolution.
Les tips de Débo
Une étape intermédiaire pour atteindre le job de ses rêves
Alors ok, ce poste d’Assistante RH, ce n’est pas encore le job de ses rêves. Mais c’est dans les RH, une opportunité de se faire de l’expérience, d’améliorer son allemand, auprès d’un employeur attractif – « le meilleur employeur », précise-t-elle (en toute objectivité 😉).
Comment atteindre l’étape suivante? Après 3 mois, une place se libère. Elle en parle à son chef, bien consciente que son expérience n’est pas encore suffisante. Ce dernier est honnête avec elle et le lui confirme, il s’agit d’un poste senior, elle n’a donc pas encore le profil. Mais il connait désormais son potentiel, et ça permet à Déborah de réitérer son intérêt. Cette démarche est un moyen de rester proactive et de remettre sur le tapis son objectif d’évolution: « c’est aussi à nous de nous manifester si l’on est intéressé.e ». Tu as bien lu? Les opportunités ne tombent pas toujours (voire pas souvent, voire jamais) d’elles-même, elles se créent.
#5 – Manifester ses envies pour se créer des opportunités.
Les tips de Débo
Cette discussion lui permet également de clarifier son projet professionnel en confirmant l’importance du Brevet RH pour sa carrière professionnelle, et en accédant à un coaching avec un collègue. Elle clarifie à cette occasion qu’elle souhaite atteindre le poste de ses rêves, Responsable RH, d’ici un an. A la fin de ce fameux Brevet RH.
Se former, encore se former
C’est sans trop de répit qu’elle enchaîne, 1 an après ses débuts auprès de la Confédération, sur un Brevet RH. Une formation à laquelle son employeur contribue à hauteur de 50% – ce qui montre une certaine reconnaissance, mais également un investissement sur l’avenir. Tu vois ce que je veux dire par là? Si son employeur mise sur elle, ce n’est certainement pas pour qu’elle soit encore davantage qualifiée pour le poste qu’elle exerce déjà.
Après avoir effectué pendant quelques temps une « veille passive » afin de connaitre la fréquence des offres d’emploi qui l’intéressent – au cas où ça bloquerait à l’interne – elle est rassurée: il y a des opportunités régulières. Elle peut donc se concentrer sur son brevet, et être certaine que des options s’offriront à elles dans le futur.
Lors d’une discussion ouverte avec son chef, qui lui demande où est-ce qu’elle se voit suite à sa formation, Déborah réitère son objectif. Elle l’informe en toute transparence que c’est toutefois à contre coeur qu’elle chercherait ailleurs, s’il l’opportunité ne se présente pas à l’interne. Sans pour autant que ça sonne comme un ultimatum – elle se sent bien dans cet environnement, auprès de cet employeur: elle n’a pas la volonté de partir. Son chef s’engage à tout faire pour lui fournir un poste à hauteur de ses attentes. Ce n’est pas une promesse, mais à nouveau un signe qu’elle se retrouve dans le haut de la liste dès lors qu’un poste sera disponible.
L’atteinte de son objectif, 3-4 ans après son Bachelor
C’est seulement 3 mois après que Déborah reçoit la nouvelle: « Alors c’est bon, tu as le poste ». Le fameux poste qu’elle souhaite, et, qui plus est, dans la direction pour laquelle elle avait le plus d’intérêt : « Le highlight. C’était vraiment le poste de mes rêves ». Cette nouvelle lui permet de se projeter désormais sur plusieurs années et de continuer à s’épanouir professionnellement parlant.
Enfin – j’ai vraiment atteint mon objectif. Qui me paraissait si loin finalement après les études. On passe par différentes étapes: un stage, un poste où on est sur-qualifié, mais tout ça m’a permis d’être maintenant là où je suis, en ayant fini le brevet et en ayant le poste de mes rêves. Je ne regrette rien du tout.
Franchement, je suis hyper contente. J’ai eu beaucoup de chance aussi, c’était de super opportunités. Mais j’ai aussi jamais arrêté d’étudier, après le Bachelor en poursuivant avec le certificat, le brevet. En maintenant toujours cet objectif. Et là vraiment je me dis: ça valait la peine.
Déborah
Et quand elle dit qu’elle a de la chance, j’ai envie de conclure avec la citation suivante:
Son parcours en quelques points
- Bachelor of Science HES-SO Economie d’entreprise, en emploi, à la Haute Ecole de Gestion de Fribourg (HEG-FR)
- Certificat de gestionnaire RH HRSE, SEC
- Brevet fédéral de Spécialiste en ressources humaines avec brevet fédéral, CPI
- Son employeur: le Secrétariat d’État aux migrations (SEM), à Berne (Suisse)
J’espère que le témoignage de Déborah t’a plu et t’aura peut-être même aidé dans ta réflexion sur ta transition entre études et vie professionnelle ! Je suis à l’écoute de tes commentaires, questions, réflexions, suggestions 🙃
& si tu souhaites découvrir à quoi ressemble la situation des jeunes diplômé.e.s 1 an après l’obtention de leur diplôme, je te redirige vers l’article « Diplômé.e: les chiffres de l’entrée dans la vie pro » !
Natacha